Sentience « […] en français il nous manque un mot pour désigner la chose la plus importante du monde, peut-être la seule qui importe : le fait que certains êtres ont des perceptions, des émotions, et que par conséquent la plupart d'entre eux (tous ?) ont des désirs, des buts, une volonté qui leur sont propres. Comment qualifier cette faculté de sentir, de penser, d'avoir une vie mentale subjective ? Les Anglo-Saxons ont le nom sentience (et l'adjectif sentient) pour désigner cela […]. » À la suite d’Estiva Reus dans Les Cahiers antispécistes (CA n° 26, novembre 2005), One Voice utilisera ce néologisme pour combler la lacune de la langue française…
Un néologisme nécéssaire qui a son importance dans l'évolution des mentalités des hommes pour un nouveau regard sur les animaux. Lorsque les humains percevront pleinement que les animaux sont sentients, lorsqu'ils auront été dépouillés de toutes les astuces mentales qui leur permettent de l'oublier, ou de se mentir sur la réalité de la conscience animale, ils ne pourront plus poursuivre froidement la barbarie envers eux. La proposition « Les animaux sont sentients » n'est que descriptive ; elle n'est l'injonction de rien. Pourtant, le seul fait de sentir, comprendre, avoir présent à l'esprit, que cette proposition est vraie crée une incitation à changer de comportement envers les bêtes : il est difficile de faire sciemment du mal à quelqu'un quand on n'a plus les moyens de se rendre sourd et aveugle à sa souffrance.
Oui les animaux ont conscience d'eux-mêmes, oui ils peuvent être capable de ressentir comme nous de la peine, de la joie de l'angoisse, de la colère, et du stress. Oui ils ont un but l'accomplissement de leur finalité propre et vivre leur vie, perpétrer leur espèce, fonder une famille, oui ils savent ce qu'est la mort, la tristesse de la perte de son petit ou de sa mère, et la détresse qu'elle procure.
Des études serieuses et des travaux scientifiques à travers le monde ont démontré cette réalité. Par exemples
l’équipe de chercheurs de Range a constaté que les chiens étaient capables « d’imitation sélective d’un comportement en fonction de la situation ». Autrement dit, ils peuvent, comme l’explique Brian Hare, de l’institut Max Planck d’anthropologie évolutionniste de Leipzig, « penser à votre intention : ils peuvent rechercher une explication de votre conduite et se livrer à des déductions sur ce que vous devez être en train de penser.
L'éthologue Theresa Burt de Perera, du Kable College d’Oxford, « les poissons sont capables d’apprendre et de se souvenir, ils possèdent un ensemble de capacités cognitives qui surprendrait beaucoup de monde. »
Suite à une série de pannes, les responsables de l’aquarium Sea Star de Coburg, en Allemagne, ont découvert qu’un poulpe grimpait la nuit sur le bord de son aquarium pour asperger d’un jet d’eau un spot dont la lumière devait le gêner. A l’aquarium de Seattle, ce sont des pieuvres qui expriment leur mécontentement. Lors du nettoyage de l’aquarium, elles virent au rouge vif et essayent d’attraper les objets de nettoyage. Une biologiste a même remarqué qu’une pieuvre s’en prenait à elle et l’aspergeait à chaque fois que la jeune femme venait vérifier le débit d’eau à l’aide d’une torche, ce qui devait la déranger.
À la lumière de toutes ces recherches et découvertes, l’être humain ne peut plus ignorer que des milliers d’espèces ont une vie émotionnelle, souffrent et éprouvent de la joie et du plaisir. L’être humain peut-il alors continuer à maltraiter les animaux dans des élevages inadaptés, à les faire souffrir dans les laboratoires, à les exploiter pour le seul bénéfice de l’espèce humaine ? Le chemin de la prise en compte de la sensibilité animale est long et semé d’embûches. Ses détracteurs, y compris parmi les scientifiques et les philosophes, sont aujourd’hui encore nombreux. Et pourtant j'espère qu'à force d'explications et avec l'aide d'associations comme One Voice, Peta, Spa...nous arriverons à les convaincre.