Aujourd'hui, 5 juin 2010, Yann Arthus Bertrand lance une opération intitulée 10:10 visant à faire s'engager les entreprises et particuliers à réduire de 10% leurs emissions de CO2 pour l'année 2010 (Le Monde). Elle représente non pas l’écologie mais un détournement de la cause écologique à des fins idéologiques; cette campagne vise à dépolitiser le débat sur l'écologie et à utiliser les futures échéances électorales pour faire passer l'idée que les forces qui financent l’hélicologiste sont compatibles avec la préservation de la nature.
Depuis des années Yann Arthus-Bertrand se livre a un scandaleux commerce de « compensations carbone » qui sont à l'écologie ce que les indulgences étaient à la spiritualité. Je pollue, mais je paie des larbins pour dépolluer à ma place. Voici, en réalité la signification de la compensation. Je voyage en avion, mais je finance une plantation d'arbres en Indonésie. Je verse donc quelques miettes de mes bénéfices ou de mon salaire confortable pour m'acheter une image... et surtout pour préserver mon mode de vie prédateur, mes profits, mes dividendes. Au passage, je reporte la ”neutralité carbone” aux calendes grecques, puisque la forêt en question mettra un siècle pour absorber ce que j'émet en quelques heures. Et je transfère la responsabilité de la dépollution aux pays pauvres, ce qui est le comble de l'irresponsabilité. La compensation n'est pas seulement une arnaque environnementale. C'est un pur produit de l'idéologie dominante. Comme la technoscience, elle permet d'évacuer le débat politique sur l'indispensable sortie du capitalisme. Pas étonnant qu'un Arthus-Bertrand, qui ne veut surtout pas faire de politique, en soit l'un des apôtres. Toutefois, Yann Arthus-Bertrand n'est que la figure médiatique d'un système qui s'emploie actuellement à redorer son image en instrumentalisant la cause de l'environnement. Le photographe héliporté est le complice de Nicolas Sarkozy, le groupe Pinaud-printemps-redoute et il est plus largement la caution verte des grands prédateurs qui détruisent la planète.